Photo de Fabrice Dunou / http://www.photographe-architecture.fr/

Dans « l’aire » du temps…

D’habitude, avant de vous les commenter et de les analyser, je vous présente les projets qui ont attirés mon attention. Aujourd’hui, et ce n’est pas parce que ce sont les vacances, mais la présentation est directement faite par son créateur… Ora- Ïto. Enjoy…

Le bâti et ses abords sont conçus comme une seule et même entité. Le message délivré est simple et lisible. Cette unité permet d’appréhender l’aire de façon intuitive.

Les espaces intérieurs et extérieurs sont traités uniformément, de manière à offrir fluidité et liberté d’usages. Notre parti-pris est un appel au rêve, une invitation à libérer son imagination, à créer sa propre his­toire.

La poésie et l’harmonie de l’aire lui confèrent des ver­tus relaxantes : l’espace Eden est source de bien être. Sa beauté pure et simple est une réponse élaborée à une quête d’esthétique et de sincérité.

Le projet crée une « non-architecture », centrée sur l’homme et ses sens, une sorte de cocon régénérant. Ce paysage habité devient un abri, un havre de paix.

L’arrivée est travaillée de sorte à faire ralentir naturellement le visiteur; il découvre en effet par séquences l’aire dans son ensemble. Le dôme végétal constitue un signal identitaire fort : il est à la fois respectueux du lieu et protecteur.

La signalétique est limitée, les objets totems disparaissent au profit de la seule expression des offres.

La prairie protégée propose des espaces pique-nique, des jeux pour enfants, un parcours tonique, une halle pouvant accueillir des manifestations ou des marchés régionaux ainsi que des espaces de contemplation.

Les éléments de paysage (merlons et végétation) sont organisés de manière à dissimuler les véhicules stationnés et à briser l’austérité et la monotonie propres aux parkings. Un marquage au sol en camaïeu de couleurs facilite le repérage des véhicules et égaye l’ensemble. 


Les perspectives et les parcours générés par le jeu de courbures limitent de fait la vitesse des véhicules, les parkings s’enroulent autour du projet.

Afin de profiter pleinement de l’orientation sud pour les entrées et terrasses, Eden tourne volontairement le dos à l’autoroute et ses nuisances visuelles et sonores. Ainsi, l’ensemble de la partie publique profite pleinement d’une vue dégagée sur un paysage à contempler.

L’impression de fluidité ressentie à l’extérieur se prolonge à l’intérieur : la circula­tion y est intuitive. Organisé autour d’un arbre et d’un puits de lumière naturelle, l’espace évoque une place de village. 
L’arbre présent au centre du restaurant devient le cœur du nouveau bâtiment.

Dès l’entrée, la disposition circulaire permet une visibilité optimale des offres et des enseignes, chacune se distinguant par une forme et un code couleur distincts ; ce sont des entités traitées indépendamment, leur aspect abouti renforce le sentiment de qualité et d’efficacité.

Les clients disposent d’un espace de vie libre et ouvert à l’appropriation de chacun, avec plusieurs combinaisons de tables et de hauteurs d’assises possibles.

Un totem doté d’écrans informatifs, présente des vues en direct des principales destinations par web­cam, et des informations relatives au trafic, à la météo, à la région…


La nuit, la mise en scène lumineuse crée une ambiance chaleureuse et rassurante : les parcours sont mis en lumière par une série de candélabres, le volume du bâti est souligné par une illumination provenant du sol, des éclairages placés au pied des arbres mettent en valeur le relief du jardin-prairie.

Concession remportée par Elior, l’Aire de La Chaponne nous dévoile le futur des Aires de repos sur Autoroute.

Aujourd’hui pour séduire ses clients Elior a misé (env. 10 millions d’€) le confort, l’étonnement, la convivialité, l’environnement et un cabinet d’architecte (Ora-Ïto). Ce que confirme P. Faure-Geors adjoint au chef du district Val de l’Yonne chez APRR : « les normes autoroutières ont changé. La tendance est de tout rassembler dans un seul bâtiment, pétrolier et restauration. Pour l’attribution des concessions, nous prenons en compte la question environnementale, la qualité et la diversité des services offerts aux automobilistes. »

Pour l’approche environnementale, vous trouverez ici la 1ère borne de charge rapide universelle (type « AC DC », ainsi capable de s’adapter aux deux standards rapides actuels pour recharger l’ensemble des VE* du marché en courant continu (Nissan, Peugeot, Citroën, Mitsubishi…) et en courant alternatif (Renault Zoé ZE…), à proximité de la station-services BP. La recharge vous en coûtera 5€. Bonne nouvelle pour les retailers, l’opération est entièrement automatisée et sécurisée. Ce qui permet à l’usager de profiter pleinement de sa pause dans les magasins de la station-service.

Ce résumé rapide est tout à fait juste mais d’un point de vue merchandising, il est primordial. Evidemment, aujourd’hui, les concepts store ne peuvent en tenir compte vu le faible pourcentage de clients qui ont un véhicule électrique. Cependant les concepts de demain devront l’intégrer dans leur réflexion. En effet, le consommateur potentiel sera « contraint » d’attendre. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Pour le moment, le client peut faire son plein de carburant, payer et partir. Demain, il devra patienter pendant la charge de ses batteries. Ainsi, la gestion de son attente sera le point central des futurs concepts. Nous aurons certainement un développement des pôles de services. Et une approche convenience store ne reposant plus uniquement sur les achats d’impulsion sur l’axe « caisses carburants – wc ». Qui représentent aujourd’hui les 2 principaux facteurs d’arrêt sur autoroutes.

Sur un marché estimé à 400 millions d’euros, chaque concession est l’objet d’une bataille farouche. Mais le jeu en vaut la chandelle. En voici quelques règles :

– Elior versera une redevance de 5% de son CA à la société d’autoroutes

– bail d’une durée de 10 à 15 ans

Ces 2 aspects permet d’être dans une logique gagnant-gagnant. Avec 1 million de visiteurs/an (visiteur ne veut pas dire consommateur !), un panier moyen de 10-12€ et une politique tarifaire de 10 à 15% supérieure à celles pratiquées dans les centres-villes (d’après un rapport publié par Bercy en 2009), Elior doit pouvoir tirer son épingle du jeu.

Pour être performant le Groupe de restauration français a opté pour des enseignes connues. Ce que nous explique D. Gaudin – responsable de district Elior : « l’introduction d’enseignes comme Hippopotamus ou Paul, des marques connues au plan national, pour retenir les automobilistes, mais aussi attirer les populations riveraines des aires d’autoroutes. » Tous les leviers de CA ont été activés. Par exemple, Columbus Café & Co vient y installer sa 7ème adresse autoroutière (ce qui représente le 14ème magasin en concession avec Elior).

Cette aire de la Chaponne a retenu donc toute mon attention. Je m’y suis donc rendu la semaine passée pour un compte rendu in situ. Et bien, l’impression architecturale de l’aire est incroyable. Je me suis senti happé depuis l’autoroute !

Ensuite, dès la sortie de la voie rapide, je suis entré dans un autre univers. L’architecture de la station service (en champignon) est relaxante et novatrice.

Le bâtiment donne aussi envie d’être découvert. Les enseignes y trouvent chacune leur place. L’arche, Columbus, Hippopotamus, le convenience store 8 à huit… les zones de services également : zone wi-fi, récréazen… De plus, la transition intérieur-extérieur est douce et naturelle. J’ai vraiment choisi l’endroit pour consommer plutôt que de subir les installations (comme ça aurait pu être le cas sur d’autres aires d’autoroutes) !

Enfin, mon seul regret reste dans l’implantation des shops et enseignes de restauration rapide. En effet, sur une aire aussi « tendance » et précurseur, il manque du peps dans les rayons et vitrines. Evidemment, les décors sont bons et justes. Seulement, la fameuse rencontre « client-produit » est classique (et bien réalisée). Mais il m’a manqué de la créativité, une nouvelle vision d’un convenience store sur autoroute… Attention, à l’échelle des réussites de cette aire de repos, ce n’est pas grand chose. Mais ça aurait été la touche finale d’un projet superbe.

Alors rendez-vous sur l’aire de La Chaponne sur l’autoroute A6, situé au kilomètre 213 dans le sens Paris-Lyon. Et pas d’excuses, c’est ouvert 24 heures sur 24 et 365 jours par an.

Aurélien Casseleux (ac.square90@gmail.com)

quelques perspectives et photos…